Lors de l'assemblée générale de juin 2009, les choristes présents ont voté à la majorité la participation de la chorale au projet de spectacle musical sur l'oeuvre DOGORA de Etienne Perruchon qui se déroulera le jeudi 10 juin (prévoir répétition générale l'après-midi, représentation le soir) et le vendredi 11 juin (représentation officielle le soir, entrée libre) au théâtre de St Quentin en Yvelines.

Le calendrier de répétitions (en parallèle avec celui du Chant Pour la Planète qui reste le programme principal de la Pléiade) est en cours de finalisation avec Sandrine Conxicoeur qui préparera les choeurs. Le Gand choeur enfants des Ecoles de St Quentiin sera préparé de son côté par l'organisateur du projet, l'APMSQ ; la direction musicale sera assurée par Pierre-Michel Durand avec l'Orchestre Prométhée.

Voici une présentation de l'œuvre ICI, ou encore ICI

DOGORA, présentation de l'œuvre pour chœur adultes, chœur d'enfants, solistes et orchestre symphonique.

En 1996, Etienne Perruchon compose les premières chansons en « Dogorien » pour le spectacle de la compagnie Brozzoni « éléments moins performants » de Peter Turini.

En 2000, la ville de Chambéry et l'Ecole Nationale de Musique de Chambéry commandent au compositeur une œuvre grandiose et fédératrice pour fêter le passage à l'an 2000. Etienne Perruchon avait toujours imaginé orchestrer ses chansons en Dogorien il décida donc d'écrire DOGORA, une cantate pour chœur mixte, chœur d'enfants et orchestre symphonique.

L'œuvre durait 28 minutes et un CD avait été réalisé par la ville de Chambéry pour témoigner de cet évènement qui avait bouleversé des milliers de spectateurs réunis pour un unique concert.

Alors que ces spectateurs venaient de nombreux pays différents, chacun reconnaissait un peu de sa langue d'origine dans ce curieux langage. Le Dogorien était devenu un peu un espéranto ressenti.

Quand Patrice Leconte à découvert DOGORA dans sa première version de 28 minutes, Etienne Perruchon lui a fait part de son rêve depuis toujours d'associer des images à cette musique.

L'enthousiasme du réalisateur pour l'œuvre n'a fait qu'accentuer ce désir.

Décision était prise qu'un film pourrait être fait si l'œuvre était réécrite pour qu'elle dure 70 minutes.

Etienne Perruchon c'est attaqué à ce chantier avec une ferveur peu commune, tellement excité par le projet de Patrice Leconte : faire un film musical sans acteur et sans scénario avec pour seul guide la musique.

La partition

"J'ai toujours été attentif au rapport entre le texte et la musique. La musicalité des mots m'importe, elle induit un sens à elle seule.
C'est pourquoi, après avoir travaillé sur des chansons avec des paroliers, sur des contes mis en musique et sur bien d'autres choses, j'ai fini par inventer un langage imaginaire qui regrouperait toutes les influences vocales européennes au sens le plus large du terme.
Je me suis inspiré de toutes les consonances pour générer un langage imaginaire, un "trompe-l'oreille".
La mélodie des mots devait être si forte qu'elle donnerait un sens aux phrases.
J'ai construit des refrains, des couplets, des leitmotive qui reviennent comme des mots-clés pour former un discours cohérent qui puisse se lire comme un vrai langage.
Le Dogorien permet aux chanteurs et aux auditeurs de toutes confessions et de toutes cultures de mettre un sens personnel et universel à ces chants."

Etienne Perruchon

Le "dogorien", la langue oubliée d'un peuple disparu

L'appellation "dogorien" vient du nom populaire donné aux nomades originaires de Dogora.
Le langage des dogoriens s'est fabriqué très rapidement avec quelques mots basiques en "Proszechniak" puis, au cours des voyages, s'est enrichi de nombreux patois montagnards européens.
On a retrouvé des dogoriens dans plusieurs pays slaves mais également en Grèce et en Crête, ainsi qu'en Italie et même en Autriche.
Les dogoriens ont maintenant disparu en tant que nomades, il ne reste plus que quelques communautés et familles dans certaines montagnes.

Comment parler le "dogorien"

Le Dogorien est une langue à fortes sonorités slaves. Il est donc nécessaire de rouler les « R » et mettre beaucoup d'accents toniques. C'est une langue quelque peu dramatique !
Chä ou Chö ou Vöch se prononce comme avec la « jota » en espagnol : « Ja » et « Jo » (le « J » se prononce comme un « R » très dur).

Quelques pistes pour approcher l'œuvre (d'après les récits des peuplades Dogoriennes)

Tchunga ya ! Chant de la victoire

Ce chant était proclamé autrefois par les hommes pour fêter une victoire, soit sur une famille rivale, soit sur un village adverse.
Il date de l'époque de la sédentarisation des dogoriens (19ème siècle).
Les premières mesures de ce thème étaient hurlées comme un cri de guerre.
Peu à peu "Tchnuga ya !" est devenu un chant dansé, reflétant ainsi la fierté du peuple.

Kourni

Ce chant évoque directement la montagne et la difficulté à passer les cols.
Les hommes chantaient cette chanson autour d'un verre d'alcool pour se donner du courage.
Elle est devenue une sorte de "chanson à boire" : après chaque fin de phrase commençant par "Kourni", on devait boire un verre et recommencer jusqu'à ce que le texte ne soit plus intelligible !

Dogora

Dogora est le nom d'une petite ville de Proszechny ou est née l'insurrection de 1832 qui a obligé une partie du peuple à fuir, à quitter les mines et aciéries pour devenir nomades. C'est toute l'âme slave que l'on retrouve dans ce chant devenu plus tard, lui aussi, une danse.

Tou toéchtaké - chant de révolte

Quand les dogoriens ont quitté la ville de Dogora, ils ont emporté ce chant avec eux.
La première partie aurait été écrite par un ouvrier en grève.
On raconte qu'avec ce simple chant, il faisait trembler ses contremaîtres.
La deuxième partie est une danse et peut être, la plus ancienne mélodie Proszechniak.

Mira

"Mira" est une complainte chantée par les femmes, évoquant l'absence de l'époux parti travailler en alpage ou chercher d'autres villages d'accueil : "Regarde l'horizon, ne baisse pas les yeux, il reviendra".

Kiatché Tchékania

Tendre comptine chanté par les enfants et les femmes, évoquant avec nostalgie la terre de Tchékania (province Proszechniak) : "ma chère Tchékania !".
Plus tard, ce chant est devenu une berceuse que les femmes chantaient pendant des heures...

Mié Panosko

Chant très nostalgique évoquant le fleuve "Panosko" au bord duquel s'était établie une partie des dogoriens.
Ils vivaient de l'élevage de chevaux et de la culture, lorsqu'une immense sécheresse fit disparaître complètement le cours d'eau et les obligea à se réfugier dans les montagnes et investir les alpages.
Des générations de montagnards et de "passeurs de col" sont ainsi nées.

Soutrinka - chant de la douleur

Comme beaucoup de nomades, les dogoriens ont été victimes de l'intolérance des hommes, et des massacres ont été perpétrés dans les différents villages d'Europe où ils sont passés.
"Soutrinka" est un hommage à tous ces disparus.

Donia - hymne dogorien

Ce chant est maintenant considéré comme l'hymne dogorien : il symbolise l'union du peuple dispersé dans toutes les montagnes d'Europe. Femmes et hommes, chacun avec leur partie, chantent en parfaite harmonie.
"Donia" était chanté généralement lors des grandes fêtes familiales : naissances, mariages et décès.

Souchänishka

Il s'agit du refrain le plus populaire des dogoriens.
C'est certainement le chant qui a le plus voyagé ; il raconte toute l'histoire de ce peuple, toutes les souffrances et les joies de cette civilisation nomade. "Souchänishka" évoquerait une ville qui n'a jamais été retrouvée ; d'autres disent qu'il s'agit du nom donné au Dieu du voyage.